Guennadi Aïgui

Guennadi Aïgui est né en 1934 au village de Chaïmourzino, en Tchouvachie, république autonome de Russie. Sa mère, paysanne, descendait d’une lignée de chamanes ; son père, instituteur, passionné de littérature, fut tué à la guerre en 1943. Aïgui a commencé à écrire très tôt, en langue tchouvache. Il commence à écrire en russe vers 1955, tout en continuant de traduire en tchouvache.

Inscrit à l’Institut littéraire Gorki de Moscou, il se lie avec Boris Pasternak, qu’il se refuse à condamner quand éclate l’« affaire Jivago ». Ce refus lui vaut d’être expulsé de l’Université, puis de vivre dans la misère et dans une semi-clandestinité jusqu’à la fin de l’URSS.

Guennadi Aïgui se détourne des formes reconnues de la poésie russe du XXe siècle qui reposent, dans le monde déshumanisé de la dictature soviétique, sur l’humanité essentielle de l’héritage de Pouchkine. — Il se détourne aussi de l’oralité de la rime et réinvente une langue poétique mêlant des influences de la poésie occidentale, de la philosophie, du vocabulaire religieux aussi bien que de la mémoire de la langue tchouvache.

Interdit de publier ses propres textes, lié aux milieux de l’underground et de l’avant-garde, — on ne saurait surestimer son travail de redécouverte des différents futurismes russes —, il ne distingue pas entre poésie personnelle et traduction, et vit tant bien que mal de traduction en tchouvache des poètes français, polonais ou hongrois. Ses anthologies des poètes de ces pays sont saluées comme des ouvrages de référence. Bien qu’il n’ait été autorisé à voyager et à publier en URSS qu’à partir de 1988, il a été peu à peu reconnu dans le monde entier comme une des voix majeures de la poésie russe et, jusqu’en 2006, date de son décès, a été couronné par une dizaine de grands prix internationaux de poésie, décernés dans le monde entier.

André Markowicz et Guennadi Aïgui en 1992 – © Annie Lucas

Les livres de Guennadi Aïgui aux éditions Mesures: